

Madame Régina Guay-Lefebvre, la bonne maman
de nos deux ardents Pèlerins de saint Michel, Marcel
et Réjean, est décédée le 6 septembre, âgée de 89 ans.
Régina signifie «Reine» en français. On peut dire
qu’elle a eu des funérailles de Reine, concélébrées par
S.E. Mgr Jean Bosco Ntep, évêque d’Edéa au Came-
roun, et de 12 prêtres venus à notre semaine
d’étude et à notre congrès. De beaux cantiques
ont donné à la cérémonie une atmosphè-
re céleste. Après la Messe, le nombreux
cortège funèbre s’est dirigé vers Rouge-
mont, où à l’église St-Michel, M. le curé,
le chanoine Gérald Ouellette a procédé
à un Libera solennel, et ensuite la chère
défunte a été transportée au cimetière
et fut inhumée près de son époux, Léo-
nidas, décédé en 1976.
Les Pèlerins de saint Michel, de Rou-
gemont et du monde entier, expriment
leurs sincères et chaleureuses condoléan-
ces à ses 8 enfants tous présents: Jacque-
line, Marcel, Gérald, Réjean, Roger, Diane,
Jean-Pierre, Michel, et aux autres membres des
familles Lefebvre et Guay.
M. et Mme Léonidas Lefebvre connaissaient déjà le
Crédit Social quand ils se sont mariés. Léonidas était à
l’apostolat depuis 1938. Son père, Louis-Chéri Lefebvre,
de Lefaivre en Ontario, était un pionnier de l’Oeuvre.
Et le père de Régina, François-Xavier Guay, de Grand-
Sault, Nouveau-Brunswick, était lui aussi, parmi les pre-
miers collaborateurs de Louis Even. Régina embrassa
entièrement l’idéal du Crédit Social comme son époux.
Malgré la lourde charge familiale qui nécessite
beaucoup de dévouement, ils consacrèrent une bon-
ne partie de leur temps à l’oeuvre de Vers Demain. Ils
avaient compris et ce fut pour la vie. Tous deux visi-
taient les familles de porte en porte pour leur offrir le
fameux journal Vers Demain rempli d’articles lumineux
sur le Crédit Social qui, une fois appliqué, assurerait le
pain quotidien à tous les pauvres de la terre.
Ne songeant qu’à donner et à servir, M. et Mme Le-
febvre recevaient, avec une table bien garnie, les pèle-
rins de passage dans leur foyer et ils les hébergeaient
pour la nuit. Ils organisaient aussi des assemblées
pour le Mouvement dans leur foyer et ailleurs. Dans le
temps, les mercredis soirs, on voyait la famille Lefebvre
arriver gaiement au buffet de Paris, sur la rue Rachel,
à l’assemblée hebdomadaire de Montréal, animée par
nos fondateurs Louis Even et Gilberte Côté-Mercier. Que
de bons souvenirs !
Et la bonne semence a germé dans le coeur des
enfants, comme on le voit sur la photo ci-des-
sous prise au congrès de Thetford Mines en
1965. Et ils ont persévéré. Marcel fête cette
année ses 50 ans de vie à plein temps
dans l’oeuvre, 1962-2012. Gérald a fait
le don total de sa jeunesse pendant 22
ans. Réjean en est rendu à sa 48e année
à plein temps. Madame Lefebvre elle-
même est la première sur la liste des
grands tenaces avec 56 ans de Pèlerine
de saint Michel à temps partiel. Elle as-
sistait à toutes les assemblées du mois
à Rougemont, accompagnée de sa fille
Jacqueline, malgré son âge avancé. Que
de services, elle a rendus au Mouvement.
Madame Lefebvre était une grande prian-
te, elle assistait à la Messe tous les matins, réci-
tait son Rosaire chaque jour, en ajoutant plusieurs
autres prières. Elle était présente aux heures d’adora-
tion et aux autres offices religieux de sa paroisse. Ce fut
la femme forte de l’Evangile, à la foi inébranlable.
Après cette vie remplie de sacrifices et de dévoue-
ment pour le bien des autres, nous avons l’espérance
qu’elle ait été reçue au Ciel amoureusement par sa glo-
rieuse patronne, la Reine de la Paix, la Regina Pacis. Elle
a gagné sa couronne.
La séparation cause des souffrances, mais le cha-
grin devient joie intérieure par la pensée que cette bon-
ne maman est encore plus présente à nos côtés, prête
à nous aider dans tous nos besoins, et qu’elle a main-
tenant le bonheur de contempler Dieu face à face, au
milieu de tous les anges et les saints, accompagnée de
son époux Léonidas et de tous les autres Pèlerins et Pè-
lerines de saint Michel qui l’ont précédée au Ciel. Nous
lui demandons de prier Dieu de donner au Mouvement
une multitude de fils et filles spirituels au coeur de feu
comme ses deux fils encore au combat.
Thérèse Tardif, directrice
Mme Léonidas Lefebvre (Régina Guay), décédée à 89 ans
La vénérable maman de Marcel et Réjean
Qu’est-ce que la vie économique? La vie économique
est l’activité qui consiste à adapter les biens matériels aux
besoins humains.
L’homme est fait pour son Créateur, mais les biens
matériels sont faits pour l’homme. Et il faut adapter les
biens matériels aux besoins de l’homme, pas soumettre
les besoins de l’homme à une restriction factice des biens
matériels.
L’homme a des besoins temporels: il
lui faut de la nourriture, des vêtements, du
chauffage, un abri, etc. Le bon Dieu a mis
sur la terre tout ce qu’il faut pour satisfaire
les besoins de tous les hommes. Tout ne s’y
trouve pas à l’état fini; mais l’homme a reçu
des forces physiques et un cerveau pour culti-
ver intelligemment, fabriquer intelligemment,
transformer intelligemment.
Notre globe est plus peuplé aujourd’hui
qu’il y a mille ans, et cependant, au lieu d’être
épuisé, il place à la disposition des hommes des biens infi-
niment plus variés et plus abondants qu’il y a mille ans.
Nos ancêtres avaient à craindre les famines, par suite
de récoltes manquées dans certaines régions. Ils n’avaient
pas les moyens de transport que nous avons.
Aujourd’hui, l’abondance règne, ou peut régner à la
condition qu’on s’en serve.
Et ce qu’il y a de remarquable, c’est que, de nos jours,
l’abondance naît avec une très modeste dépense de la-
beur humain. La vapeur travaille pour l’homme, l’électricité
travaille pour l’homme, la gazoline travaille pour l’homme,
la chimie travaille pour l’homme.
Les forces de la nature, que l’homme a pliées à son
service, multiplient les produits tout en éliminant de plus
en plus l’homme de la participation directe à la production.
Et malgré cela, on continue de faire une loi que celui qui
ne participe pas à la production ne doit pas avoir droit aux
fruits de la production.
Le progrès augmente les produits tout en diminuant le
nombre de producteurs, et l’on veut que seuls les produc-
teurs aient droit aux produits. Voilà, pour dire le moins, une
économie à la fois idiote et barbare.
Il semble que, puisqu’on obtient l’abondance avec peu
de travail, les hommes devraient avoir l’abondance tout en
ayant plus de loisirs. Or on n’a même pas encore trouvé le
moyen de garantir le nécessaire à tout le monde.
On a l’abondance dans la production et la rareté dans
la distribution. Pourquoi ?
Dans le système moderne, pour obtenir des biens,
marchandises ou services, il faut présenter le titre à ces
biens. Le titre, c’est la monnaie. Si vous n’avez pas de
monnaie, vous ne pouvez rien obtenir. La monnaie est
devenue comme une licence pour avoir le droit de vivre.
Et comment obtient-on la monnaie? Pour obtenir la
monnaie aujourd’hui, il faut prendre part à la production.
D’où l’absurdité de la situation: le progrès vous élimine de
la production, il vous ôte le droit à la monnaie, donc le droit
à la production qu’il accumule devant vous. Alors, vous
êtes pauvres en face de l’abondance.
Si le monde progressait tellement dans la technique
de la production qu’il ne faudrait plus qu’un homme sur
cent pour produire l’abondance, cet homme serait seul,
sur les cent, à toucher de l’argent — par son salaire —
et les quatre vingt-dix-neuf autres devraient ou mourir de
faim ou vivoter en taxant celui qui seul travaille.
Est-ce là une loi naturelle? Pas du tout,
ce n’est pas une loi, c’est une convention éta-
blie par les hommes, convention qui pouvait
les satisfaire dans les siècles de labeur et de
rareté, mais qu’ils peuvent et doivent changer,
pour adapter leur ordre économique au climat
historique actuel.
Cette convention, érigée en loi par les maî-
tres de la monnaie et les profiteurs du système,
va contre le progrès qu’elle décourage. Elle est
antihumaine, parce qu’elle assujettit l’homme à
l’argent et le maintient injustifiablement dans la
privation. Elle est une cause d’immenses souffrances phy-
siques et morales.
Mais n’est-ce pas tyrannique de maintenir ainsi l’hu-
manité dans la pauvreté au sein de l’abondance possible,
dans le mécontentement et la souffrance quand la paix
et la joie de vivre pourraient être le fruit de la maîtrise de
l’homme sur les forces de la nature? Certainement, c’est
tyrannique, et cette tyrannie est l’oeuvre de tyrans. C’est
la tyrannie financière, et les tyrans sont les financiers qui
tiennent le contrôle.
Comment s’exerce cette tyrannie? Par le contrôle de
la monnaie dans sa source et dans son orientation.
Le Pape Pie XI, dans l’encyclique
Quadragesimo
Anno
, dénonce ces maîtres de l’argent et du crédit, du
«sang économique des nations», qui ont rendu toute la vie
économique «horriblement dure, implacable et cruelle...
Sans leur permission nul ne peut plus respirer.»
Cette tyrannie est-elle localisée? C’est une tyrannie
internationale, qui s’exerce sur tous les pays civilisés —
démocraties ou dictatures. Cette tyrannie centralise de
plus en plus ses forces pour se mieux protéger contre
les revendications de tel ou tel, peuple qui voudrait s’en
affranchir.
Que faut-il penser des hommes qui conduisent ce sys-
tème? Les hommes qui conduisent ce système, et ceux
qui le défendent, sont coupables de vol avec violence, et
de meurtre, sur une échelle inconnue jusqu’ici dans les
annales de l’humanité. Quelles que puissent être leurs
qualités dans la vie privée, ils font, dans l’exercice de leurs
fonctions, oeuvre de criminels sociaux de la pire espèce.
Comment faut-il les envisager ? Avec une haine à mort
de leur système. Pour leur bien comme pour le nôtre et
celui de toute l’humanité, travailler à les déloger de leurs
positions le plus tôt possible.
D’autres articles de Vers Demain nous montrerons ce
qu’il y a à faire pour établir une véritable sécurité économi-
que garantie socialement à chaque membre de la société.
Louis Even
Vol avec violence et meurtre
Louis Even
En 1965, de gauche à droite: M. et Mme Léonidas Lefebvre, et leurs enfants Marcel, Gérald, Réjean, Roger et Diane.
VERS DEMAIN août-septembre 2012
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