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Edition gratuite de VERS DEMAIN
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Alain Pilote
Il est important de comprendre ce point: la
dette totale ne peut jamais être remboursée, car
elle représente de l’argent qui n’existe pas. Louis
Even l’a expliqué brillamment dans sa parabole
de l’Île des Naufragés (
voir page 3 et suivantes
).
Dans cette parabole, le banquier Martin prête
l’argent à un taux de 8%, mais n’importe quel taux
d’intérêt, même 1%, créerait une impossibilité
mathématique de rembourser le prêt en entier,
capital et intérêt.
Supposons que les cinq naufragés sur l’île
décident d’emprunter du banquier Martin une
somme totale de 100 dollars, à un taux d’intérêt de
6%. À la fin de l’année, les cinq naufragés doivent
rembourser au banquier Martin l’intérêt de 6%,
soit 6$. 100$ moins 6$ = 94$, il reste donc 94$ en
circulation sur l’île. Mais la dette de 100$ demeure.
Le prêt de 100$ est donc renouvelé, et un autre 6$
doit être payé à la fin de la deuxième année. 94$
moins 6$, il reste 88$ en circulation. Si les cinq
naufragés continuent ainsi de payer 6$ d’intérêt à
chaque année, au bout de 17 ans, il ne restera plus
d’argent sur l’île. Mais la dette de 100$ demeurera,
et le banquier Martin sera autorisé à saisir toutes les
propriétés des habitants de l’île.
La production de l’île avait augmenté, mais pas
l’argent. Ce ne sont pas des produits que le banquier
exige, mais de l’argent. Les habitants de l’île
fabriquaient des produits, mais pas d’argent. Quand
bien même les cinq habitants de l’île travailleraient
jour et nuit, cela ne fera pas apparaître un sou
de plus en circulation. Seul le banquier a le droit
de créer l’argent. II semblerait donc que pour la
communauté, il n’est pas sage de payer l’intérêt
annuellement.
Même emprunter l’intérêt ne règle pas le
problème, mais ne fait que retarder la faillite finale.
Voyez plutôt: reprenons donc notre exemple
au début. À la fin de la première année, les cinq
naufragés choisissent donc de ne pas payer l’intérêt,
mais de l’emprunter de la banque, augmentant ainsi
le prêt à 106$. (C’est ce que nos gouvernements
font, puisqu’ils doivent emprunter pour payer
seulement l’intérêt sur la dette.) «Pas de problème,
dit le banquier, cela ne représente que 36¢ de plus
d’intérêt, c’est une goutte sur le prêt de 106$ !» La
dette à la fin de la deuxième année est donc: 106$
plus l’intérêt à 6% de 106$ — 6,36$ — pour une
dette totale de 112,36$.
Au bout de 5 ans, la dette est de 133,82$, et
l’intérêt est de 7,57$. «Pas si mal», se disent les cinq
naufragés, l’intérêt n’a augmenté que de 1,57$ en
cinq ans.» Mais qu’en est-il au bout de 50 ans?
La dette augmente relativement peu les premières
années, mais augmente ensuite très rapidement. A
remarquer, la dette augmente à chaque année, mais
le montant original emprunté (argent en circulation)
demeure toujours le même: 100 $. En aucun temps
la dette ne peut être payée, pas même à la fin de la
première année: seulement 100 $ en circulation et
une dette de 106 $. Et à la fin de la cinquantième
année, tout l’argent en circulation (100 $), n’est
même pas suffisant pour payer l’intérêt sur la dette:
104,26 $.
Tout l’argent en circulation est un prêt, et doit
retourner à la banque grossi d’un intérêt. Le banquier
crée l’argent et le prête, mais il se fait promettre de
se faire rapporter tout cet argent, plus d’autre qu’il
ne crée pas. Seul le banquier crée l’argent: il crée le
capital, mais pas l’intérêt (Dans l’exemple plus haut,
il crée 100 $, mais demande 106 $).
Le banquier demande de lui rapporter, en
plus du capital qu’il a créé, l’intérêt qu’il n’a pas
créé, et que personne n’a créé. Il est impossible
de rembourser de l’argent qui n’existe pas, les
dettes ne peuvent donc que s’accumuler. La dette
Il est impossible de rembourser
les dettes des pays
Puisque tout l’argent est créé par
les banques sous forme de dettes
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