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Edition gratuite de VERS DEMAIN
www.versdemain.orgmes riches qui a pris le nom de «Compagnie de la
Banque d’Angleterre» et dont William Paterson est
le gouverneur.
Le roi, qui ne trouve plus où taxer et qui n’ose
pas introduire un papier-monnaie gouvernemental
après l’opposition faite sur ce point à son prédé-
cesseur Charles II par les puissances financières
secrètes, s’en vient trouver la Compagnie de la
Banque d’Angleterre. William Paterson offre de
prêter au roi 1 200 000 livres sterling en or et en
argent, à 8 pour cent d’intérêt, à condition que le
roi permette à la CBA de faire exactement ce que
les maîtres de la monnaie du jour défendaient au
roi: soit imprimer de la monnaie de papier qui
serait monnaie légale, et ce, pour une somme égale
au montant prêté au roi.
Donc, la CBA collecterait 1 200 000 livres en or
et en argent pour le roi et multiplierait cette somme
par deux en imprimant 1 200 000 livres sterling en
papier que le roi, dans son autorité, imposerait aux
Anglais d’accepter au même titre que l’or. La Banque
prêtait le métal au roi à profit et gardait les billets
pour les prêter à profit au commerce et à l’industrie.
Paterson comprenait parfaitement l’impor-
tance du privilège qu’il venait d’obtenir. «La
Banque pouvant mettre en circulation cette nou-
velle émission de monnaie tout en gardant seule-
ment le sixième ou le quart en réserve, c’est comme
si elle louait à la nation neuf cent mille livres ou
un million de livres de nouvelle monnaie», disait-
il lui-même. Dans la pratique, il n’avait même pas
besoin de garder une réserve de 25 pour cent; dès
1696, on trouve la Banque mettant en circulation 1
750 000 livres contre une réserve en numéraire de
36 000 livres seulement, soit une réserve dépas-
sant à peine 2%.
La maison des Rothschild
Voilà donc la banque privée devenue plus puis-
sante que le roi. Dès l’origine de cette mainmise
d’une association d’exploiteurs sur la chose publi-
que, on trouve que la nouvelle machine monétaire
fonctionne surtout pour financer des guerres; c’est
dans ce temps-là qu’elle jette les bases de profits
perpétuels considérables. Elle n’avait rien perdu de
son adaptation en 1914 et pas un gouvernement
n’a manqué d’argent pour conduire ses citoyens à
la grande tuerie. La phrase «Pas d’argent» qui nous
bat les oreilles aujourd’hui ne fut pas prononcée une
seule fois de 1914 à 1918.
Chaque fois aussi, la finance internationale, la
haute banque, a fortifié son emprise autant qu’elle
mettait magnanimement sa plume féconde au ser-
vice des gouvernements devenus signataires de
débentures (obligations), car aujourd’hui, notre
civilisation progressant, la monnaie se dématéria-
lise et n’a même plus besoin d’une presse à impri-
mer.
Fortune édifiée à la faveur des massacres
La Maison Rothschild internationale offre un bel
exemple de la fortune édifiée à la faveur des massa-
cres d’humanité. L’aïeul, Anselme Rothschild, vivait
à Francfort-sur-Main, en Allemagne, où il servait de
banquier au landgrave de Hesse. Ce prince était le
plus riche d’Europe, et il s’enrichissait surtout en fai-
sant le commerce d’hommes pour la guerre.
C’est ainsi que, lorsque Georges III, roi d’Angle-
terre, voulut des soldats pour combattre les colo-
nies révoltées de l’Amérique, pour ne pas envoyer
des Anglais combattre des Anglais, il s’adressa au
landgrave qui lui fournit un régiment de Hessiens,
de 16 800 hommes, moyennant paiement par Geor-
ges III de 20 000 000 dollars. Le landgrave confia
ses vingt millions à son banquier Rothschild pour
les faire fructifier, chacun tirant sa part de profit. Vu
qu’il y avait une guerre en Amérique et que la guerre
génère toujours de gros intérêts pour les prêteurs
de capitaux, Rothschild jugea sage de prêter l’ar-
gent à son congénère, l’américain Haym Solamon.
Ce dernier prêta à plus gros intérêt, aussi Morris le
proposa au financement de la guerre par Georges
Washington. C’est ainsi que l’argent fourni par Geor-
ges III pour payer une armée servit à financer les
adversaires de Georges III. Rothschild et Solamon
profitaient aux deux bouts, pendant qu’Américains
et Anglais ou Hessiens s’entretuaient sur les champs
de bataille.
Anselme Rothschild avait cinq fils et il les avait
dressés à ce commerce fructueux. Le plus habile
des cinq, Nathan, se fixa à Londres, où il établit
la maison de banque et de courtage N. M. Roths-
child and Sons; Jacques s’installa à Paris, Salomon
à Vienne. C’était sous la Révolution Française. Les
guerres de Napoléon vinrent à point. L’Angleterre
empruntait de Nathan Rothschild pour combat-
tre Napoléon. Napoléon empruntait de Jacques
Rothschild et comparses pour combattre l’Angle-
terre. Les soldats tombaient, les épouses et les
mères pleuraient, les haines s’avivaient, pendant
que les Rothschild profitaient ...
Nathan, un vrai génie de la finance, à lui seul,
gagna sixmillions de dollars en un seul jour, le surlen-
demain de Waterloo: les deuils ne l’appauvrissaient
guère. Le même génie intervenait jusqu’en Espagne,
en 1835, où, pour se venger d’un gouvernement
qui ne voulait pas faire sa volonté malgré des ver-
sements corrupteurs faits au Ministre des finances
espagnol, il consacrait, de concert avec son frère de
Paris, neuf millions de dollars à la ruine des valeurs
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