Le catholicisme a représenté une clef de voûte de l'édifice de la société canadienne

le mercredi, 31 décembre 2008. Dans Vatican

Société reconnue comme un chantre des droits de la personne humaine et de sa dignité

Benoît XVI et Mme Anne Leahy, nouvel ambassadeur du Canada près du Saint-SiègeROME, Jeudi 30 octobre 2008 (ZENIT.org) -Voici le texte intégral du discours en français de Benoît XVI à Mme Anne Leahy, nouvel ambassadeur du Canada près du Saint-Siège, qui lui a présenté ce matin ses lettres de créance.

CATHOLICISME ET SOCIETE CANADIENNE

Madame l’Ambassadeur,

C’est avec joie que je vous souhaite la bienvenue à l’occasion de la présentation des Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Canada près du Saint-Siège. ...

Le dialogue confiant que Votre Excellence a désormais la charge d’entretenir entre le Canada et le Saint-Siège a déjà une longue histoire, puisque, comme vous l’avez relevé, nous célébrerons dans quelques mois le 40ème anniversaire de l’établissement de nos relations diplomatiques.

Toutefois, les liens entre le Siège Apostolique et votre pays remontent à plusieurs siècles. Ces relations ont donné une inflexion particulière aussi bien à la présence de l’Église qu’à l’attention que le Saint-Siège porte à votre pays. D’ailleurs, il n’est pas sans signification que le Pape Jean-Paul II ait effectué trois voyages apostoliques au Canada, dont le dernier eut lieu en 2002 à l’occasion de la XVIIème Journée mondiale de la Jeunesse, à la réussite de laquelle vous avez personnellement contribué.

Et je voudrais rappeler ici ce que mon vénéré Prédécesseur disait à son arrivée à Toronto, s’adressant au Premier Ministre:

«Les Canadiens sont les héritiers d’un humanisme extraordinairement riche, grâce à l’association de nombreux éléments culturels divers. Mais le noyau de votre héritage, c’est la conception spirituelle et transcendante de la vie, fondée sur la Révélation chrétienne, qui a donné une impulsion vitale à votre développement comme société libre, démocratique et solidaire, reconnue dans le monde entier comme un chantre des droits de la personne humaine et de sa dignité » (À l’aéroport de Toronto, 23 juillet 2002). Dans cette perspective, je suis particulièrement heureux de la revitalisation des liens d’entente entre l’Église catholique et les communautés autochtones du Canada, dont un signe très positif a été la visite d’un de leurs représentants à l’Assemblée de la Conférence épiscopale canadienne.

Je me réjouis aussi de l’attachement de votre pays à développer les collaborations multilatérales en faveur de la solution de nombreux problèmes qui défient l’humanité en notre temps. L’engagement du Canada dans les efforts de la Communauté internationale en vue de la recherche et de la consolidation de la paix et de la réconciliation dans plusieurs régions du globe est un apport important à l’établissement d’un monde plus juste et plus solidaire où toute personne humaine est respectée dans sa vocation fondamentale.

À cet égard, nous pouvons mentionner l’engagement du Canada et du Saint-Siège, avec d’autres pays, pour soutenir l’application de la Convention pour l’interdiction des mines antipersonnelles et pour promouvoir son universalisation. Cette Convention représente un instrument international qui a enregistré un succès rarement atteint dans le domaine du désarmement en des temps récents, montrant, comme l’a dit le Pape Jean-Paul II, que «lorsque des États s’unissent, dans un climat de compréhension, de respect mutuel et de coopération, pour s’opposer à une culture de mort et pour édifier dans la confiance une culture de la vie, c’est la cause de la paix qui avance dans la conscience des personnes et de l’humanité tout entière » (22 novembre 2004). De même, le Canada et le Saint-Siège, avec d’autres pays, s’efforcent d’apporter leur contribution à la stabilité, à la paix et au développement dans la région des Grands Lacs en Afrique.

Comme vous venez de le relever, Madame l’Ambassadeur, grâce aux institutions qu’il a créées et à la culture qu’il a promue, le catholicisme a représenté une clé de voûte essentielle de l’édifice de la société canadienne. Cependant, de nos jours, de profonds changements s’y sont produits et s’y produisent encore. Les signes de ces évolutions sont visibles dans plusieurs domaines et sont parfois préoccupants au point de se demander s’ils ne signifieraient pas aussi une régression dans la conception de l’être humain. Ils concernent surtout les domaines de la défense et de la promotion de la vie et de la famille fondée sur le mariage naturel. Étant bien connus, il n’est pas nécessaire de s’y appesantir.

Dans ce contexte, je voudrais plutôt encourager l’ensemble des Canadiens et Canadiennes à réfléchir profondément sur le chemin que le Christ invite à tracer. Il est lumineux et plein de vérité. Une culture de vie pourrait irriguer de nouveau l’ensemble de l’existence personnelle et sociale canadienne. Je sais que c’est possible et que votre pays en est capable. Pour y aider, il me semble nécessaire de redéfinir le sens de l’exercice de la liberté, expression trop souvent invoquée pour justifier certains débordements.

De plus en plus, en effet, son exercice est perçu comme étant seulement une valeur absolue - un droit intangible de l’individu - tout en ignorant l’importance des origines divines de la liberté et de sa dimension communautaire nécessaire à sa construction. Selon cette interprétation, l’individu seul pourrait décider et choisir la physionomie, les caractéristiques et les finalités de la vie, de la mort et du mariage.

La vraie liberté se fonde et se développe ultimement en Dieu. Elle est un don qu’il est possible d’accueillir comme un germe et de faire mûrir de manière responsable pour enrichir vraiment la personne et la société. L’exercice de cette liberté implique la référence à une loi morale naturelle, à caractère universel, qui précède et unit tous les droits et les devoirs. Dans cette perspective, je voudrais apporter mon appui aux initiatives des Évêques canadiens pour favoriser la vie familiale, et donc pour favoriser la dignité de la personne humaine.

Parmi les institutions ecclésiales de votre pays, Excellence, les écoles catholiques jouent un rôle important pour l’éducation humaine et spirituelle de la jeunesse et elles rendent ainsi un service de grande valeur à votre pays. Aussi, l’enseignement religieux doit-il y tenir la place qui lui revient, tout en respectant la conscience de chacun des élèves. En effet, c’est un droit inaliénable pour les parents d’assurer l’éducation religieuse de leurs enfants. L’enseignement de la religion, en raison de la contribution spécifique qu’il peut apporter, représente une ressource fondamentale et indispensable pour une éducation qui a parmi ses objectifs premiers la construction de la personnalité de l’élève et le développement de ses capacités, en intégrant les dimensions cognitive, affective et spirituelle. En contribuant ainsi à la transmission de la foi aux nouvelles générations et en les préparant au dialogue entre les différentes composantes de la nation, les écoles catholiques réalisent une exigence constante de la mission de l’Église, pour le bien de tous, et elles enrichissent l’ensemble de la société canadienne.

Madame l’Ambassadeur, les signes d’espérance ne manquent pas aujourd’hui. Ainsi, je me réjouis de la pleine réussite du 49ème Congrès Eucharistique International qui s’est conclu dans votre pays le 22 juin dernier. Dans cette rencontre ecclésiale importante, nous pouvons discerner un signe encourageant que les vieilles racines de l’arbre du catholicisme sont encore vivantes au Canada et qu’elles peuvent le faire refleurir. Nombreux ont été les pèlerins qui ont pu bénéficier de l’hospitalité chaleureuse de votre peuple. Je voudrais remercier vivement les Autorités de votre pays pour l’effort fait pour favoriser cet évènement. Fidèle à une longue tradition, malgré les difficultés de notre époque, le Canada a su demeurer une terre d’accueil. J’encourage les Canadiens et les Canadiennes à poursuivre généreusement cette belle tradition d’ouverture particulièrement à l’égard des personnes les plus fragiles.

Je saisis cette occasion, Excellence, pour vous demander de saluer chaleureusement la communauté catholique de votre pays. Dans le contexte souvent complexe où l’Église est appelée à exercer sa mission, j’encourage les Évêques et les fidèles à continuer à mettre leur espérance dans la Parole de Dieu et à témoigner sans crainte parmi leurs compatriotes de la puissance de l’amour divin. Que l’engagement des chrétiens dans la vie de la société soit toujours l’expression d’un amour qui cherche le bien intégral de l’homme !

Alors que vous commencez votre mission, assurée que vous trouverez toujours un accueil attentif auprès de mes collaborateurs, je vous offre, Madame l’Ambassadeur, mes vœux cordiaux pour son heureux accomplissement, afin que les relations harmonieuses qui existent entre le Canada et le Saint-Siège puissent se poursuivre et s’approfondir. Sur Votre Excellence, sur sa famille et sur ses collaborateurs, ainsi que sur les Responsables et sur les habitants du Canada, j’invoque de grand cœur l’abondance des Bénédictions divines.

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