Réflexions de Mgr Philip Anyolo

le mardi, 01 janvier 2019. Dans Témoignages

Je m'appelle Philip Anyolo, je suis évêque au Kenya, en Afrique. C'est ma première visite ici; comme l’ont dit les autres participants, je tiens à dire combien j'apprécie vraiment tout ce que nous avons appris ici, et je peux vous assurer que nous allons le propager dans nos milieux et faire des déclarations officielles sur ce que vous enseignez ici, parce que nous croyons que c'est vraiment l'évangile social de l'Église; nous avons l'Évangile spirituel, mais cet Évangile spirituel ne suffit pas, surtout dans les pays comme les nôtres, y compris le Kenya.

En tant que pasteurs, Mgr Joseph Mbatia et moi-même, sommes tous les deux du Kenya, un pays divisé exactement en deux moitiés par la ligne équatoriale qui traverse le Kenya de part en part. Je suis de l’hémisphère sud, alors que mon confrère, Mgr Mbatia, vit dans l'hémisphère nord, alors on peut dire qu’il est plus près de vous géographiquement que moi! Cependant, quand nous retournerons au Kenya, nous travaillerons ensemble en tant qu'évêques, en tant que pasteurs, et il y a quelques citations de l'Évangile et de l’Ancien Testament qui me rejoignent et qui décrivent bien notre mission. Je voudrais citer le Livre des Proverbes (27, 23: «Connais bien l’état de ton bétail, à ton troupeau donne tes soins»), parce que cela signifie qu'en tant qu'évêques nous avons besoin de bien connaître notre peuple, nous devons savoir quelles sont leurs préoccupations et prendre soin des brebis qui nous ont été confiées. Nous voulons faire cela, et comme quelqu'un d'autre l’a bien dit, nous voulons sauver des âmes. Moi aussi bien sûr je le veux, mais je constate d'abord je dois sauver mon âme et ensuite je pourrai sauver les autres. Alors, je suis très content de rentrer chez moi en pouvant dire que j’ai appris quelque chose de nouveau ici.

Au Kenya nous avons nos propres défis. Comme dans plusieurs autres pays africains, la foi chrétienne est très dynamique et vivante, mais les défis existent. Par exemple, comme beaucoup l'ont déjà mentionné: la corruption et toutes sortes d'autres maux dans notre société qui sont le résultat d’un mauvais système financier. Les défis sont là et peut-être vous l'avez entendu, vous en avez entendu parler, le Kenya est un des pays les plus corrompus, non seulement d’Afrique, mais du monde entier. Ça signifie que les pauvres continueront à devenir plus pauvres et les riches encore plus riches. C’est un défi auquel en tant qu’Église nous devons faire face, mais nous avons appris beaucoup ici en étudiant le système financier du Crédit Social. Notre peuple en a besoin!

Nous savons que le moyen de combattre la corruption ne consiste pas seulement à mettre des menottes aux gens ou les mettre derrière des barreaux, nous devons aussi transmettre aux gens la connaissance de ce que doit être un bon système financier pour la plus grande gloire de Dieu et le salut de la personne humaine.

C'est la perspective de l'Église, la perspective de l'Évangile; cette perspective nous donne la force de devenir martyrs, de devenir témoins de la vérité – le mot martyr veut dire témoin. Nous sommes très reconnaissants de pouvoir connaître cette famille des Pèlerins de Saint Michel, qui se tiennent debout et sont de véritables témoins de l’Évangile dans la société. Comme Jean-Paul II l'a dit, en tant qu’êtres humains, peu importe que nous soyons riches ou pauvres, nous avons quelque chose à donner, et quelque chose à recevoir. Personne n'est si pauvre qu'il ne puisse rien donner à Dieu, et personne n'est si riche qu'il ne puisse rien recevoir de Dieu. Cet équilibre est notre mission, et nous devons en témoigner dans l’Église: être des témoins, des martyrs.

Je me souviens, au début de l'indépendance du Kenya, notre pays a choisi la voie du capitalisme; jusqu'à nos jours c'est demeuré une démocratie capitaliste. Nos amis du pays voisin, la Tanzanie, ont choisi la voie du socialisme, et la Tanzanie est encore aujourd’hui une démocratie socialiste. Nous apprenons les uns des autres; mais les problèmes sont fondamentalement les mêmes, ce sont toujours des problèmes d’argent.

Je me souviens d'une blague lors d’un échange entre les Présidents Nyerere de Tanzanie et Kenyatta du Kenya. Nyerere dit à Kenyatta: «Vous êtes des capitalistes donc vous allez toujours commettre des erreurs sur le plan social.» Et Kenyatta de répondre: «Vous êtes des socialistes vous allez toujours commettre des erreurs sur le plan capitaliste.» Donc, nous faisons des erreurs capitalistes et des erreurs socialistes, mais avec les informations sur le crédit social, je pense que cela nous aidera à trouver un équilibre.

Je voudrais terminer en disant que la semaine dernière, nous avons discuté avec les représentants du gouvernement de l’argent et de la corruption dans le pays. Et nous avons déjà écrit une lettre pastorale sur la manière d’aider les pauvres, et le 6 octobre (2018) nous allons continuer ces discussions avec le gouvernement.

Et finalement, nous n’oublions pas que tout cela c’est un combat spirituel, une guerre spirituelle. Je veux vraiment encourager les pays africains et leur dire que dans tout ce que nous traversons comme défis dans nos propres pays, nous devons spiritualiser notre énergie, spiritualiser nos efforts.

Au Kenya, nous avons un sanctuaire de Marie, Mère de Dieu, à Subiaka, et nous nous réunissons à ce sanctuaire le 6 octobre de chaque année. Les Kenyans y viennent par milliers, et nous leur disons comment nous devrions agir comme nation. Et la réponse est toujours très positive. Je vous remercie beaucoup.

Mgr Philip Arnold Anyolo

évêque de Homabay, Kenya

et depuis, archevêque de Kisumu

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