Le Padre Pio ne restait jamais au lit plus de quatre heures par nuit, dont à peine deux heures de vrai sommeil. Pendant ce court repos, il tenait toujours son chapelet entre ses mains. Dès deux heures du matin, il commençait à se préparer pour la messe en méditant sur le Saint Sacrifice qu'il allait célébrer à quatre heures du matin, à 5 heures du matin, à la fin de ses jours, alors qu'il était au bout de ses forces.
Pendant toute la nuit, bien avant l'aube, les fidèles se rassemblaient devant la porte de l'église, en rangs de plus en plus pressés.
Le Padre Pio exigeait une tenue vestimentaire très modeste pour pénétrer dans l'église Sainte-Marie-des-Grâces, à San Giovanni Rotondo. Avec les années, il devenait toujours plus exigeant. Si bien qu'il a fallu afficher à l'entrée de l'Église, les règles précises de décence chrétienne exigées par le Padre Pio. Voici un aperçu de ses avis :
"L'Église est la maison de Dieu. Il est interdit aux hommes d'entrer les bras nus et en shorts. Il est interdit aux femmes d'entrer en pantalons, tête nue, en vêtements courts, décolletés, sans manche ou vêtues de façon peu décente..."
Aux dames qui se présentaient indécemment vêtues au confessionnal, le Padre Pio disait : « Allez-vous-en farceuse ! »
La messe et les confessions étaient son programme journalier. Il passait 19 heures par jour dans son confessionnal. À la fin de sa vie, ses faibles capacités ne lui permettaient seulement quatre heures ou même deux heures et demie.
Les citations suivantes sont tirées du chapitre sur la confession du livre « Padre Pio le Stigmatisé », écrit du vivant du « saint » moine par Charles Mortimer Carty.
Puisse ce grand dévouement du Padre Pio dans l'exercice du sacrement de Pénitence, susciter dans nos cours le désir de recourir régulièrement à ce sacrement de la Miséricorde Divine, afin de garder notre âme pure.
Y.P.
Confesser est la principale vocation du Padre Pio, celle qui lui permet d'apaiser sa soif insatiable des âmes. Il désire être exclusivement considéré comme confesseur. Il ne prêche pas et le Saint-Office lui a interdit d'écrire. Comme le Curé d'Ars, saint Jean-Baptiste Vianney, il passe ses jours dans le confessionnal, ce qui constitue en soi, un véritable miracle ; car il y aurait de quoi ébranler le système nerveux le plus solide. Cependant, Padre Pio ne tient pas compte des limites de l'endurance physique. Il examine, juge, condamne et absout selon ce que Dieu lui inspire.
Là où il ne trouve pas hypocrisie, mais sincérité, fermeté de caractère, il est bienveillant, d'une bienveillance qui dilate le cœur du pénitent... Mais sa brusquerie, parfois, rappelle saint Jean-Baptiste, avec des mots durs, coupants, qui dénoncent le scandale, tout spécialement les cancans et les mensonges des femmes. Plus sévère encore est sa condamnation des péchés contre la pureté et contre la maternité ; Padre Pio ne les pardonne pas sans être assuré d'un ferme propos catégorique. Ces malfaiteurs de la génération et du mariage devront subir des mois de probation s'ils veulent être absous.
Padre Pio, on peut l'en croire, lorsque le Seigneur lui enjoint de traiter durement une âme, souffre mort et passion, mais ne saurait agir autrement qu'il n'agit pour que son pénitent prenne conscience et comprenne que les sacrements de Pénitence et la communion ne sont pas des plaisanteries ; que lessiver son âme et recevoir le Christ c'est grave... ce Christ Jésus que lui, Padre Pio, aime d'amour, alors que le pécheur, comme la foule, le méconnaît.
Il est manifeste que Padre Pio, dans son union avec le Christ, prend sur lui tous les péchés que chaque pénitent lui avoue, avant de donner l'absolution. C'est de cela qu'il souffre, plus que de ses plaies, et de façon visible pour tous. Certains affirment qu'ils ont vu des gouttes de sang perler à son front tandis qu'ils décrivaient leurs infidélités.
Un jeune homme complotait de tuer sa femme et de prétendre qu'elle s'était suicidée, pour être mieux à même de continuer une liaison illicite. Afin que tout soupçon de culpabilité personnelle fût écarté, il consentit à escorter sa compagne à San Giovanni. À peine avait-il mis le pied dans l'église qu'il se sentit attiré par une force magnétique vers la sacristie qui se trouvait à l'opposé, derrière le maître-autel.
Padre Pio, disponible à cet instant-là, il s'avança pour le questionner. Le jeune homme n'avait pas prononcé un mot quand il se sentit saisi par le bras et poussé avec violence : « Sors, sors d'ici ! lui criait Padre Pio. Ignores-tu, misérable, que tu n'as pas le droit de te souiller les mains du sang de ta femme ? »
L'homme s'enfuit, bouleversé comme une tempête. Deux jours durant il erra. Enfin, dans l'impossibilité de retrouver le calme, il retourna voir le Padre Pio qui l'accueillit comme Jésus accueillait les pécheurs. Quand l'homme eut achevé sa confession, Padre Pio lui dit : « Vous n'avez pas eu d'enfants et vous désirez un fils... Rentre chez toi, maintenant, vous serez exaucés. »
Quand sa femme, que Padre Pio n'avait jamais vue auparavant, vint se confesser à son tour, aux premiers mots qu'elle prononça, il l'interrompit : « Ne craignez rien, maintenant, votre mari ne vous fera aucun mal. »
En novembre 1929, le docteur Francis Ricciardi, de San Giovanni, athée et rationaliste, participait à une campagne contre Pio. Dans les petites cabales du village sa voix faisait autorité, jointe à celle des paysans qui tournaient en dérision la religion de l'humble moine...
Vint le jour où le docteur athée tomba gravement malade ; les spécialistes de Rome et de Naples diagnostiquèrent un cancer à l'estomac.
Les habitants de San Giovanni se désolaient de savoir le docteur Ricciardi mourant, car, malgré son irréligion, il était aimé pour sa philanthropie et son dévouement à ses malades. De ferventes prières s'élevèrent pour sa conversion. En vain, l'archiprêtre Don Giuseppe Principe s'approcha-t-il de son lit. Ricciardi lui jeta un oreiller à la tête en vociférant : « Je ne veux pas de prêtre. Je ne veux pas me confesser ; seul Padre Pio que j'ai si souvent offensé pourrait m'entendre, mais comme il ne peut pas sortir de son couvent, je préfère mourir comme j'ai vécu. »
On rapporte ces paroles à Padre Pio. Que faire ? D'un côté la règle humaine lui interdisait d'enfreindre la clôture. De l'autre, Dieu l'invitait à la rédemption de cette âme...
Avec l'autorisation de son supérieur, Padre Pio sortit à la nuit. Il portait les saintes huiles et l'hostie à la brebis perdue.
Il fut bientôt reconnu ; une foule l'accompagna jusqu'à la demeure du docteur Ricciardi et s'agenouilla sur le seuil, priant que Dieu veuille accomplir son oeuvre...
Padre Pio embrassa l'athée agonisant avec un angélique sourire qui exprimait le pardon de l'homme et le pardon de Dieu. Confession, communion, Extrême-Onction, le docteur Ricciardi pouvait maintenant mourir en paix.
Il ne mourut pas. Quelques jours plus tard, il se levait, le corps et l'âme guéris. Le cancer avait miraculeusement disparu. Il vécut de longues années, dans la joie de sa renaissance physique et morale.
Padre Pio nous exhorte à haïr nos fautes, d'une haine réfléchie. Ses paroles recèlent une profonde sagesse chrétienne et la sainteté foncière d'un homme qui vit sur terre de la vie du ciel.