L'argent n'est pas une fin en soi.

le lundi, 01 octobre 2012. Dans Catéchèses et enseignements

 

L'argent pas une fin en soi.

 

L’argent «n’est pas fait pour se multiplier lui-même» et n’est pas «une fin en soi», a déclaré Mgr Markus Büchel, évêque de Saint-Gall vice-président de la Conférence épiscopale suisse, dans un message publié pour le 1er août 2012, fête nationale suisse. (Le 5 septembre 2012, Mgr Büchel a été élu président de cette même conférence.) La Conférence des évêques de Suisse rappelle en ce temps de crise difficile que «l’argent est au service de l’homme, et non pas l’homme un esclave de l’argent». Voici de larges extraits de ce message:

Je peux retirer au bancomat l’argent que j’ai mis de côté. Et je compte sur le fait que l’argent est à disposition lorsque j’en ai besoin. Je peux ainsi payer mes factures, mes achats, mon billet de train en francs et en centimes. L’argent permet à notre société d’acheter des biens qui couvrent nos besoins fondamentaux. Mais l’argent est également nécessaire pour la formation, la culture et un certain confort. L’argent remplit une fonction essentielle dans la vie de tous les jours.

Par contre, les nouvelles des derniers mois et dernières années me préoccupent beaucoup. Se peut-il que bientôt notre système financier ne fonctionne plus de façon évidente? J’entends parler de crise financière, de crise des devises, de crise de l’économie mondiale. Des experts internationaux ne peuvent plus exclure que même l’ensemble de notre système financier puisse s’écrouler.

Nous serions donc confrontés avec un monde financier international sur lequel aucun homme, aucune banque et aucun gouvernement n’auraient contrôle. Au contraire: il semble que ce soient les marchés financiers internationaux qui nous contrôlent solidement.

Que s’est-il passé? Et que se passera-t-il si la crise atteint ma région? Nos institutions sociales ou ma caisse de pension sont-ils en danger? Ma confiance en notre système financier et économique est entamée. Et ce type de préoccupation est partagé par beaucoup de personnes, en Europe et partout dans le monde. La confiance en la politique, les banques et les autres institutions financières est en train de décliner.

La confiance est essentielle dans le domaine de la finance. Le système financier et l’économie ne peuvent pas fonctionner sans la confiance. La confiance constitue la base de toute forme de relation entre les personnes...

Quel rapport avec l’argent est-il considéré comme responsable et correct, d’un point de vue chrétien? L’argent permet d’effectuer des transactions économiques. Une marchandise ne peut être produite ou achetée que s’il y a de l’argent à disposition. D’un point de vue chrétien, il est fondamental de savoir pour quelle activité commerciale un capital est investi. Cette entreprise favorise-t-elle des conditions de production équitables? Veille-t-elle au respect des ressources naturelles? Respecte-t-elle les droits humains, la dignité de celui qui travaille? Ce sont des questions que, nous-mêmes en tant qu’Eglise, nous devons nous poser. Dans ce sens, toutes celles et tous ceux qui placent leur argent portent une part de responsabilité.

L’argent n’est pas fait pour se multiplier lui-même. L’argent n’est pas une fin en soi. Si le monde de la finance se rend indépendant, alors la finance elle-même perd son sens. Qui investit et gagne, mais provoque ainsi le malheur d’autres personnes agit de façon irresponsable. Je me suis entretenu récemment avec des experts en questions financières. Ils ont confirmé mon impression de non spécialiste de l’économie. Les marchés financiers internationaux évoluent constamment vers un système interne, qui est détaché des besoins de l’économie réelle et n’est presque plus sous contrôle.

Nous devons trouver d’urgence des moyens et des chemins en vue de réajuster ce dangereux déséquilibre. Au vu de l’expérience de ces dernières années, il serait irresponsable de tout laisser comme cela se passe aujourd’hui. C’est pourquoi je souhaite que toutes les politiciennes et tous les politiciens, ainsi que toutes les personnes qui portent une responsabilité dans le monde de la finance, s’engagent en vue d’opérer les changements nécessaires...

Saint Basile, qui était évêque dans l’ancienne métropole économique de Césarée au 4e siècle, avait déjà interpellé les riches avec ces expressions orientales de son époque: «Le pain qui demeure inutile chez vous, c’est le pain de celui qui a faim; la tunique suspendue dans votre garde-robe, c’est la tunique de celui qui est nu; l’argent que vous tenez enfoui, c’est l’argent du pauvre; les témoignages d’amour que vous n’accomplissez pas, sont autant d’inégalités que vous commettez».

Ces phrases prononcées par l’évêque Basile sont toujours actuelles. Et ceci est encore plus valable pour nous aujourd’hui: l’argent est au service de l’homme, et non pas l’homme un esclave de l’argent. Le 1er août est peut-être un jour idéal pour donner un tel sens à notre comportement face à l’argent, et mettre ainsi en place un fondement solide en vue d’une nouvelle forme de confiance.

Mgr Markus Büchel,

par mandat de la Conférence des évêques suisses

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