EnglishEspañolPolskie

Du péché et des différentes espèces de péchés

le mardi, 01 janvier 1952. Dans Explication du catéchisme de Québec

Explication du catéchisme de Québec — Chapitre sixième

*49.— Q. Qu’est-ce que le péché actuel ?

R. Le péché actuel est celui que l’on commet soi-même, de sa propre volonté, quand on est parvenu à l’âge de raison.

— On appelle péché toute “désobéissance à Dieu” soit que Dieu commande par lui-même, soit qu’il commande par ceux à qui il a confié son autorité, comme l’Église, nos parents, nos maîtres, et généralement tous nos supérieurs spirituels et temporels.

Le mot actuel est employé par opposition à originel, mais ne désigne pas seulement les péchés que l’on fait dans le moment présent, mais tout péché passé, présent ou futur commis par un acte de sa propre volonté.

Commettre un péché de sa propre volonté veut dire en le faisant exprès, et le faisant parce qu’on le veut: toute action que l’on ferait malgré soi, par exemple en dormant, en étant dans le délire, ou par force, ne serait pas un acte de sa propre volonté et par conséquent ne serait pas un péché. Pour qu’il y ait péché il faut ces deux conditions réunies: “savoir” (connaissance et advertance) et “vouloir” (raison et consentement).

L’âge de raison, c’est l’âge où l’on devient capable de distinguer le bien du mal, c’est ordinairement vers sept ans que l’on est capable de faire cette distinction et quelquefois avant. Les tout petits enfants ne peuvent donc pas faire de péchés parce qu’ils ne sont pas capables de distinguer clairement ce qui est bien de ce qui est mal.

50.— Q. Comment peut-on commettre le péché actuel ?

R. On peut commettre le péché actuel par pensées, par paroles, par actions, par omissions volontaires et opposées à la loi de Dieu.

— Un péché de pensée est celui qui n’a lieu que dans l’esprit sans se manifester au dehors, comme par exemple un sentiment intérieur d’orgueil; au péché de pensée il faut ajouter le péché de désir que l’on commet quand, pensant à une action défendue, on souhaite la faire si l’occasion s’en présentait, comme désirer voler, etc., si on en avait les moyens.

Un péché de parole est celui que l’on commet en disant des choses que Dieu défend, comme des mensonges, des blasphèmes, des mots ou des conversations impies, etc.

Un péché d’action est celui que l’on commet en faisant extérieurement ce que Dieu défend, comme tuer, voler, etc.

Un péché d’omission est celui que l’on commet en ne faisant pas une chose que Dieu commande, comme manquer la messe, ne pas faire ses pâques.

*51.— Q. Combien y a-t-il de sortes de péchés actuels ?

R. Il y a deux sortes de péchés actuels: le péché mortel et le péché véniel.

— Quand on dit qu’il y a deux sortes de péchés, cela ne veut pas dire qu’il n’y a en tout que deux péchés, mais cela veut dire que les péchés que nous commettons sont plus ou moins mauvais, plus ou moins graves. — Les plus graves s’appellent mortels. Les moins graves s’appellent véniels.

*52.— Q. Qu’est-ce que le péché mortel ?

R. Le péché mortel est le péché qui donne la mort à l’âme, en lui ôtant la grâce sanctifiante, en attirant la colère divine sur elle, et en la rendant digne des peines de l’enfer.

— Le mot mortel signifie ici, “qui donne la mort”.

Nous disons que le péché mortel donne la mort à l’âme non pas pour signifier que l’âme en état de péché mortel est réellement morte, car notre âme étant immortelle ne peut cesser de vivre ou d’exister, mais c’est une manière de faire comprendre que le péché mortel prive notre âme de l’état de grâce, et la rend incapable de faire des œuvres méritoires pour le ciel, comme un homme mort qui ne peut plus agir sur la terre.

Être en état de grâce, c’est n’avoir aucun péché mortel dans son âme. C’est vivre de la vie de Dieu; la grâce étant la “vie” surnaturelle de l’âme.

53.— Q. Quand est-ce qu’un péché est mortel ?

R. Un péché est mortel quand on désobéit à Dieu en matière grave, avec réflexion suffisante et plein consentement de la volonté.

— Par matière grave on entend une chose considérable, un point important de la loi de Dieu. Exemple: blasphémer, tuer son prochain, c’est désobéir à Dieu en matière grave, parce que le respect de Dieu, le respect de la vie du prochain sont des devoirs importants. Voler une cent n’est pas désobéir à Dieu en matière grave, parce qu’une cent est une chose peu importante.

Avec réflexion suffisante signifie en sachant que ce que l’on fait est très mal.

Avec un plein consentement de la volonté veut dire en le faisant bien exprès, ou encore en le faisant alors qu’on est capable de ne pas le faire.

*54.— Q. Faut-il beaucoup de péchés mortels pour mériter l’enfer ?

R. Non, pour mériter l’enfer il suffit d’un seul péché mortel.

— Un seul péché mortel qui n’aura pas été effacé par une bonne confession ou par un acte de contrition parfaite conduira donc en enfer pour toujours celui qui l’a commis.

*55.— Q. Qu’est-ce qu’un péché véniel ?

R. Un péché véniel est une désobéissance à Dieu, en matière légère ou bien en matière grave, mais sans réflexion ou connaissance suffisante, ou sans un plein consentement de la volonté.

— Le mot véniel (du latin “venia”, pardon) veut dire que ce péché est plus digne de pardon; il nous est pardonné plus facilement parce que ce péché est moins grand.

On appelle matière légère un point moins important de la loi de Dieu. Pour faire un péché mortel il faut trois choses: 1. une matière grave; 2. une réflexion suffisante; 3. un plein consentement; si l’une de ces trois choses vient à manquer, le péché n’est que véniel.

*56.— Q. Quels sont les effets du péché véniel ?

R. Le péché véniel a pour effet d’affaiblir en nous la vie de la grâce, de diminuer l’amour de Dieu dans notre cœur, et de nous rendre dignes des peines temporelles en cette vie et en l’autre.

— Le péché véniel affaiblit en nous la vie de la grâce, signifie qu’il rend notre âme moins agréable aux yeux de Dieu, moins forte contre les tentations sans cependant lui faire perdre complètement l’amitié de Dieu.

Le péché véniel produit dans nos âmes des effets semblables à ceux des maladies qui défigurent notre corps et diminuent les forces sans cependant nous donner la mort.

On appelle peines temporelles des peines qui ne durent qu’un certain temps, qui ne durent pas toujours.

En cette vie, c’est-à-dire pendant que nous sommes sur la terre, ces peines sont: les chagrins, les maladies, etc., ou en l’autre vie, c’est-à-dire après notre mort, ces peines sont les souffrances du purgatoire.

57.— Q. Devons-nous craindre beaucoup le péché véniel ?

R. Oui, nous devons craindre beaucoup le péché véniel, parce qu’il offense Dieu et nous conduit souvent au péché mortel.

— Le péché véniel conduit au péché mortel signifie que, lorsqu’on commet le péché véniel sans remords on ne tarde pas à tomber dans le péché mortel, soit parce que l’âme souillée de péchés véniels étant moins agréable à Dieu, n’a plus autant de grâces pour résister aux tentations, soit parce qu’elle perd peu à peu l’horreur du péché en s’y accoutumant. Le péché véniel conduit au péché mortel comme la maladie conduit à la mort.

Le catéchisme dit que le péché véniel conduit souvent au péché mortel, il ne dit pas qu’il y conduit toujours.

En effet, les péchés véniels que l’on commet accidentellement et dont on se repent, ceux dont on cherche à se corriger, ceux en un mot auxquels on ne s’habitue pas ne conduisent pas au péché mortel. C’est donc le péché véniel d’habitude qui conduit souvent, et presque toujours au péché mortel.

*58.— Q. Quelles sont les principales sources du péché ?

R. Les sept principales sources du péché sont l’orgueil, l’avarice, l’impureté, l’envie, la gourmandise, la colère et la paresse. On les appelle communément péchés capitaux.

— Il y a certains péchés qui généralement en font commettre d’autres à ceux qui s’y abandonnent, ces péchés sont donc comme des sources d’où découlent d’autres péchés, comme les ruisseaux d’une source unique.

Le nom capital que l’on donne à chacun de ces péchés ne signifie pas que ces péchés soient en eux-mêmes plus graves que les autres, ce mot qui veut dire tête ou chef (en latin “caput”, tête) nous fait comprendre qu’un péché capital est celui qui sert de chef ou de tête à d’autres péchés qui sont pour ainsi dire sa suite et ses membres.

59.— Q. Qu’est-ce que l’orgueil ?

R. L’orgueil est une estime déréglée de soi-même, qui fait qu’on se préfère aux autres et qu’on veut s’élever au-dessus d’eux.

— L’estime est le cas que l’on fait d’une personne, de ses qualités, de ses talents, etc.

Il n’est pas défendu d’avoir l’estime de soi-même, mais cette estime doit être conforme à la règle et la règle consiste à ne s’estimer qu’à sa juste valeur. Quand on s’estime plus qu’on ne vaut, l’estime est déréglée, c’est l’orgueil. Celui qui s’estime plus qu’il ne vaut se compare aux autres et se trouve meilleur, s’estimant plus que ceux qui l’entourent, il veut naturellement les dominer, être leur maître, c’est-à-dire s’élever au-dessus d’eux.

L’orgueil étant un péché capital produit d’autres péchés qui sont: l’ambition, le mépris du prochain, la désobéissance, la vanité, la jactance, la présomption, l’entêtement, le respect humain, etc.

60.— Q. Qu’est-ce que l’avarice ?

R. L’avarice est un attachement désordonné aux biens de la terre, et principalement à l’argent.

— L’avarice ne consiste pas à posséder des trésors, ni même à les aimer et à en prendre soin, mais à les aimer, à les désirer plus qu’ils ne le méritent.

Prendre un soin sage et prévoyant des biens que l’on possède, ce n’est pas de l’avarice, c’est de l’économie, et l’économie est une bonne chose.

Il est bon de constater que l’avarice consiste dans l’attachement déréglé aux biens de ce monde et non dans l’usage que l’on fait de ces mêmes biens. On peut donc être avare tout en dépensant beaucoup d’argent. On peut aussi être avare sans être riche.

L’avarice produit généralement la dureté de cœur et la fraude, le vol, l’injustice, etc.

61.— Q. Qu’est-ce que l’impureté ?

R. L’impureté est une affection déréglée pour les plaisirs de la chair.

— L’impureté produit l’oubli de Dieu, le dégoût des choses du salut, l’endurcissement dans le péché mortel, les crimes; il déshonore les familles, ruine la santé, etc.

62.— Q. Qu’est-ce que l’envie ?

R. L’envie est une tristesse que l’on ressent à la vue du bien du prochain, ou une joie coupable du mal qui lui arrive.

— Il n’y a pas péché d’envie à désirer pour soi-même des biens semblables à ceux du prochain, pourvu que ce soit un désir modéré. Mais l’envieux éprouve du chagrin, non pas de ne pas avoir les “biens” qui lui manquent, mais de voir ces biens en possession d’un autre. De même l’envieux se réjouit du “mal” de son prochain même si lui-même n’en retire aucun avantage.

L’envie produit les jalousies, les haines, les chicanes, les calomnies, les médisances, les murmures, etc.

63.— Q. Qu’est-ce que la gourmandise ?

R. La gourmandise est un amour déréglé du boire et du manger.

— Éprouver un certain plaisir à boire et à manger, préférer ce qui est meilleur à ce qui est moins bon dans la nourriture, ce n’est pas de la gourmandise. L’amour du boire et du manger est déréglé quand il porte à dépasser la mesure du besoin, ou à la recherche exagérée dans la qualité des aliments. La gourmandise conduit aux paroles et aux actions déshonnêtes, aux violences, aux graves maladies corporelles, etc.

64.— Q. Quelle est la gourmandise la plus dangereuse ?

R. La gourmandise la plus dangereuse est l’ivrognerie, qui fait perdre la raison, rend l’homme semblable à la bête, et souvent le fait mourir.

— L’ivrognerie est la gourmandise la plus dangereuse pour le salut, car c’est elle dont on se corrige le plus difficilement; elle est aussi la plus coupable, car elle prive l’homme de sa raison, c’est-à-dire du plus beau don que Dieu lui ait fait, enfin elle cause le malheur temporel non seulement de l’ivrogne lui-même mais encore de sa famille.

L’homme se distingue des animaux par la raison; en se privant de la raison par l’ivrognerie l’homme se rend semblable à la brute, il descend même au-dessous d’elle puisqu’il perd par sa faute l’usage de son corps ce qui n’arrive pas aux animaux les plus immondes.

65.— Q. Quels moyens faut-il prendre pour ne pas tomber dans l’ivrognerie ?

R. Il y a quatre moyens excellents pour ne pas tomber dans l’ivrognerie: 1. ne pas aller au cabaret; 2. ne prendre aucune boisson enivrante entre les repas; 3. fuir la société de ceux qui aiment à boire; 4. s’engager dans la société de tempérance et en suivre les règles.

66.— Q. Quels sont les péchés ordinairement causés par l’ivrognerie ?

R. Les péchés ordinairement causés par l’ivrognerie sont la colère, les jurements, les blasphèmes, les mauvaises paroles et les actions déshonnêtes.

67.— Q. Qu’est-ce que la colère ?

R. La colère est un mouvement déréglé de notre âme, qui nous porte à nous venger, ou à repousser avec violence ce qui nous déplaît.

— Le mouvement qui nous porte à repousser ce qui nous déplaît est naturel en nous, il ne devient péché que lorsqu’il est trop violent et que l’on s’y abandonne sans chercher à le modérer.

Ce n’est pas un péché que de repousser même avec une certaine violence ce qui est mal, ce qui peut nuire soit à notre âme, soit à notre corps; mais il faut toujours rester maître de soi, si l’on dépasse cette juste mesure le mouvement est déréglé et il y a péché.

La colère porte aux blasphèmes, aux haines, aux vengeances, aux injures, aux batailles, aux procès, et même aux meurtres.

68.— Q. Qu’est-ce que la paresse ?

R. La paresse est un amour déréglé du repos, qui fait qu’on néglige ses devoirs d’état et de religion, plutôt que de se faire violence.

— Ce n’est pas un péché que d’aimer à se reposer lorsque l’on a bien travaillé et que l’on est fatigué, car alors cet amour du repos est réglé. Au contraire, il est déréglé lorsqu’on se repose sans besoin, sans avoir mérité ce repos par le travail. Se faire violence, c’est se donner de la peine, c’est faire ce qui nous coûte, ce qui nous fatigue. Le paresseux aime mieux manquer à ses devoirs que de se donner un peu de peine.

Il est presque impossible de dire tous les péchés que fait commettre la paresse, car la paresse est la mère de tous les vices.

Il y a deux sortes de paresse: 1. La paresse spirituelle (négligence de nos devoirs envers Dieu); 2. La paresse corporelle (négligence de nos obligations d’état).

*69.— Q. Quels sont les préservatifs à employer contre les tentations ?

R. Les préservatifs à employer contre les tentations sont: 1. la prière et les sacrements; 2. la vigilance et la fuite des occasions, surtout des mauvaises compagnies.

— Les tentations sont des mouvements intérieurs qui nous portent à faire du mal. Les tentations ne sont pas des péchés, mais on commet le péché si l’on obéit à ces mouvements qui nous portent à faire le mal.

Par préservatifs il faut entendre les moyens de ne pas obéir aux tentations, c’est-à-dire aux mouvements de notre mauvaise nature ou aux mauvais conseils du démon.

La vigilance, c’est le soin que l’on prend d’éviter ce qui est mal, la surveillance que l’on exerce sur soi-même pour repousser tout ce qui est péché.

Fuir les occasions, c’est s’éloigner des personnes ou des lieux qui nous portent à offenser Dieu, c’est aussi ne pas faire ou ne pas dire ce qui, sans être péché, pourrait cependant nous entraîner au péché.

On appelle mauvaises compagnies, la fréquentation des méchants.

Poster un commentaire

Vous êtes indentifier en tant qu'invité.

Panier

Dernière parution

Infolettre & Magazine

Sujets

Faire un don

Faire un don

Aller au haut
JSN Boot template designed by JoomlaShine.com