«Va, François, réparer mon Église!»

Alain Pilote le lundi, 01 avril 2013. Dans Éditorial

Le Pape François continuera l’oeuvre de purification entreprise par Benoît XVI

Saint François d'AssisePape FrançoisLe 13 mars 2013, les cardinaux réunis en conclave au Vatican ont élu le nouveau successeur de saint Pierre et chef des 1,2 milliard de fidèles de l’Église fondée par Jésus-Christ, l’Église catholique romaine. Ce nouveau Pape n’était pas celui que les soi-disant experts avaient prévu, mais quelqu’un que Dieu avait prévu de toute éternité pour relever les défis de l’Église pour les temps actuels: le cardinal Jorge Mario Bergoglio, 76 ans, archevêque de Buenos Aires, en Argentine. C’est le premier Pape jésuite, le premier Pape provenant des Amériques, et le premier Pape non-européen depuis Saint Grégoire III, né en Syrie, qui fut Pape de 731 à 741... et bien, sûr, le premier Pape à s’appeler François, en l’honneur de saint François d’Assise.  

Dès les premiers jours, tous ont remarqué que le nouveau Pape tenait à conserver le style de vie simple qu’il menait comme archevêque à Buenos Aires, en conservant par exemple ses chaussures noires au lieu de porter des souliers rouges, ou bien en continuant de loger avec les employés et prêtres du Vatican, au lieu des appartements pontificaux. Il a d’ailleurs déclaré, lors de sa première rencontre avec les journalistes: «Ah, comme je voudrais une Église pauvre et pour les pauvres!»

Le Pape s'adresse à la foule
Le Pape François s’adresse à la foule: «La tâche du Conclave était de donner un Évêque à Rome. Il semble bien que mes frères Cardinaux soient allés le chercher quasiment au bout du monde!»

C’est ce style différent qui a amené les journalistes à dire qu’on aurait droit à une «révolution» au Vatican, qu’on entrait dans une nouvelle ère, certains allant même jusqu’à dire que François serait tout le contraire de Benoît XVI, qu’il y aurait «enfin plus d’ouverture dans l’Église», et qu’on obtiendrait finalement tout ce que les soi-disant «progressistes» ont toujours demandé: le mariage des prêtres, l’ordination des femmes à la prêtrise, une Église sans dogmes, etc.

Un instant! Même si le style change, le Pape est encore catholique! Il est vrai que le Pape François, tout comme lorsqu’il était archevêque de Buenos Aires, aime à se tenir proche du peuple — surtout des pauvres — mais il est en harmonie totale avec Benoît XVI sur la foi et la morale, ayant eu en Argentine une position très ferme contre l’avortement, l’euthanasie, le mariage homosexuel et la théologie de libération marxiste. En fait, même si le style diffère, les deux papes, François et Benoît, partagent une même vision de l’Église, qui est de revenir à l’essentiel, c’est-à-dire, de mettre Jésus-Christ et son message d’amour au centre de tout.

Si le charisme de Benoît XVI a été d’enseigner la doctrine clairement, le charisme de François est de montrer la bonté et la tendresse de Dieu. Les mêmes vérités seront enseignées, mais avec un effort spécial pour montrer que tous ces enseignements sont basés sur l’amour de Dieu. Comme il l’a dit dans l’homélie de sa messe d’intronisation: «Nous ne devons pas avoir peur de la bonté ni de la tendresse!»

En cette Année de la foi, François montrera que la foi, c’est avant tout croire non pas seulement en quelque chose, mais surtout croire en quelqu’un, Jésus-Christ. Beaucoup de gens disent en effet: «On aime Jésus, mais on ne voit pas le besoin d’avoir une Église, des commandements, de la morale, etc.»  D’autres diront: «J’ai une vie spirituelle, mais je ne veux appartenir à aucune religion organisée.» Si des gens parlent ainsi, c’est qu’ils ne voient pas le lien, le rapport entre Jésus et toutes ces structures, tous ces règlements.

Pape François et Benoît XVI
23 mars 2013, événement sans précédent dans l’histoire de l’Église: le Pape François prend l’hélicoptère pour se rendre à la résidence d’été des Papes à Castel Gandolfo (20 km au sud-est de Rome) et rencontrer son prédécesseur, Benoît XVI. Avant de déjeuner ensemble, ils se sont entretenus en privé pendant 45 minutes.

À cela, le Père Nicolas Buttet, fondateur de la Fraternité Eucharistein, apporte une réponse intéressante: «La porte de la foi c’est d’abord une rencontre avec Quelqu’un, avec Jésus-Christ. Le christianisme ce n’est pas d’abord un dogme, ce n’est pas d’abord une morale, ce n’est pas d’abord une liturgie, c’est une personne, c’est Jésus-Christ. Et parce que j’ai rencontré cette personne, je veux le connaître en vérité tel qu’il est: ça s’appelle le dogme. Parce que cette personne, je veux vivre pour lui faire plaisir et faire le mode d’emploi du bonheur qu’il m’enseigne: ça s’appelle la morale. Et parce que j’ai rencontré cette personne, je veux vraiment le fréquenter et vivre de lui: ca s’appelle la liturgie et la prière.» Quand on aime vraiment Jésus, on accepte qu’il y ait le dogme, la morale, la liturgie et la prière, ça va ensemble. Jésus et son Église ne forment qu’un seul Corps.

Pour connaître le programme du nouveau Pape, pour connaître ses intentions, il suffit d’écouter ses premiers discours, et tous, sans exception, font référence à Benoit XVI et à son enseignement. Dès sa première apparition sur le balcon de la Basilique Saint-Pierre le soir de son élection, les premières paroles du Pape François furent à l’intention de son prédécesseur immédiat: «Tout d’abord, je voudrais prier pour notre Évêque émérite, Benoît XVI. Prions tous ensemble pour lui afin que le Seigneur le bénisse et la Vierge le protège.»

Dans son discours aux cardinaux, le 15 mars, François s’exprime ainsi: «J’adresse une pensée pleine d’affection et de profonde gratitude à mon vénéré Prédécesseur Benoît XVI qui, durant son pontificat, a enrichi et vivifié l’Église par son Magistère, sa bonté, son gouvernement et sa foi, son humilité et sa douceur. Ils resteront un patrimoine spirituel pour tous. Le ministère pétrinien, vécu dans un esprit de totale abnégation, a trouvé en lui un messager docte et humble dont le regard est resté toujours fixé sur le Christ, le Christ ressuscité, présent et vivant dans l’Eucharistie. Notre prière fervente, notre souvenir constant, notre reconnaissance affectueuse et pérenne l’accompagneront toujours. Nous ressentons combien Benoît XVI a allumé en nos cœurs une flamme qui continuera à briller parce qu’entretenue par sa prière qui soutiendra l’Église sur son chemin spirituel et missionnaire.»

Le 22 mars, dans son discours aux ambassadeurs près le Saint-Siège, François reprend un autre thème cher à Benoît XVI, faisant remarquer qu’il n’existe pas seulement la pauvreté matérielle des pays pauvres, mais la pauvreté spirituelle des pays riches: «C’est ce que mon Prédécesseur, le cher et vénéré Benoît XVI, appelle la “dictature du relativisme”.»

Et lors de l’audience du mercredi 3 avril, le pape François a repris les catéchèses de l’Année de la foi, en développant les différents articles du Credo. Pour son explication de l’article «Il ressuscita le troisième jour, conformément aux Écritures», François a repris pratiquement mot à mot le texte écrit par Benoît XVI dans le deuxième tome de son livre Jésus de Nazareth, qui parle du témoignage des femmes à la Résurrection.
On ne peut que se réjouir que le Pape François ne veuille pas se priver des immenses compétences théologiques de son prédécesseur, de cette occasion unique dans l’histoire de la papauté de pouvoir bénéficier des conseils du Pape qui a régné avant lui. Selon le Père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican, le pape François, depuis le jour de son élection, a communiqué plusieurs fois par téléphone avec Benoît XVI. Et tous ont pu voir l’affection et le respect que le nouveau pape porte au pape émérite lors de leur rencontre historique du 23 mars à Castel Gandolfo. Et ils se sont reparlés au téléphone par la suite.

N’ayons aucune crainte, Jésus n’abandonnera jamais Son Église, Il ne la laissera pas couler (voir page 11). Encore une fois, Dieu nous a donné le pasteur qu’il faut pour les temps actuels.

Que le style de François soit différent de celui de Benoît XVI n’a rien d’inquiétant, c’est même une richesse pour l’Église: chaque personne a son charisme qui permet de représenter l’un des nombreux attributs de Dieu. Dans le cas du Pape François, ce sera la bonté. Mais, du point de vue doctrinal, comme on l’a vu, loin d’être en opposition avec Benoît XVI,  le pape François est plutôt en parfaite harmonie avec son prédécesseur.  Tout comme Benoît XVI, le premier objectif de François sera de défendre le Christ et la vérité, comme il l’a dit dans l’homélie de sa première messe comme Pape, le 14 mars:

«Quand on ne confesse pas Jésus Christ, me vient la phrase de Léon Bloy: “Celui qui ne prie pas le Seigneur, prie le diable”. Quand on ne confesse pas Jésus Christ, on confesse la mondanité du diable... Ayons le courage de marcher en présence du Seigneur, avec la Croix du Seigneur; d’édifier l’Église sur le sang du Seigneur, qui est versé sur la Croix; et de confesser l’unique gloire: le Christ crucifié. Et ainsi l’Église ira de l’avant.»

Les deux papes prient ensemble
Du jamais vu: deux Papes priant côte à côte, le nouveau et l’ancien. Lorsqu’ils ont pénétré à l’intérieur de la chapelle pour prier, Benoît XVI a dirigé François vers l’agenouilloir papal, mais celui-ci a refusé, souhaitant prier en compagnie de Benoît XVI: « Non, nous sommes frères », a dit le nouveau Pape au Pape Émérite.

Après la réforme bénédictine (du Pape Benoît XVI, basée sur la doctrine), nous aurons la réforme franciscaine (du Pape François, basée sur la bonté). En 1205, à l’âge de 23 ans, François d’Assise était en prière devant le crucifix de la chapelle de Saint Damien. Par trois fois, le Christ en croix s’anima, et lui dit: «Va, François, et répare mon église qui, tu le vois, tombe en ruine». A l’image de son saint patron, le Pape François continuera l’œuvre de purification entreprise par Benoît XVI, pour rendre l’Église plus conforme aux plans de son Divin Époux.

Finalement, comme il l’a demandé lui-même le jour de son élection, n’oublions pas de prier pour notre nouveau Pape François, pour que le Seigneur le bénisse et lui donne la force et les grâces nécessaires pour accomplir sa mission. Et continuons de prier aussi pour Benoît XVI. Appuyons le Saint-Père, et allons de l’avant pour confesser le Christ!

Cadeau au Pape Benoît XVI
Le pape François offre à Benoît XVI une icône qu’il avait lui-même reçu trois jours auparavant du métropolite Hilarion, représentant du Patriarche Cyrille, chef de l’Église orthodoxe russe. «Ils m’ont dit que c’était l’icône de Notre-Dame de l’Humilité», dit François. «Lorsqu’ils m’ont dit cela, j’ai immédiatement pensé à vous, et aux nombreux merveilleux exemples d’humilité et de tendresse que vous nous avez donnés durant votre pontificat.»

 

Alain Pilote

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