Les droits de Dieu dans l'éducation des enfants

le dimanche, 01 mai 1994. Dans Éducation

Cet article de l'abbé Ferdinand Vandry paraissait dans "L'Action Catholi­que" du 24 avril 1962. Nous y insérons des sous-titres.

Premiers droits : ceux de Dieu

Au sujet de l'école neutre et du pré­tendu droit des agnostiques à donner à leurs enfants une éducation agnostique, on a beaucoup parlé du droit naturel des parents en matière d'éducation, mais très peu, trop peu à mon avis, des droits de Dieu en cette matière.

Il est évident et tout à fait indénia­ble que les parents ont, conformément au droit naturel, beaucoup de droits au sujet de l'éducation de leurs enfants ; mais ils n'ont certes pas tous les droits, notamment le droit de violer les droits de Dieu, qui sont antérieurs et de beau­coup supérieurs aux droits, si respecta­bles qu'ils soient, des parents.

Parce qu'Il est le Créateur et le Sou­verain Maître de toutes choses, des hom­mes comme du reste, des croyants et des incroyants, des parents et des enfants, parce qu'Il est la fin dernière vers la­quelle doivent tendre tous les hommes, Dieu possède un droit indiscutable à l'hommage des créatures raisonnables, le droit d'être adoré, aimé et servi par tou­tes les créatures douées d'intelligence.

À cause de cela, le droit divin impo­se à l'homme l'obligation de lui consa­crer l'esprit et le cœur de ses enfants, qu'il n'a pas le droit de voler à son Cré­ateur en leur infusant un esprit d'éman­cipation et une funeste irréligion qui les détournerait presque fatalement de leur fin dernière.

Puisqu'il est la chose de Dieu, l'hom­me n'a pas le droit de méconnaître et de violer les droits de Dieu. Le droit divin ne lui laisse pas le droit d'écarter Dieu de sa vie, ni dans son comportement personnel ni dans l'éducation de ses enfants. Concluons que le droit divin ne lui donne pas le droit d'élever ses en­fants dans l'incroyance et dans l'irréli­gion.

Le droit à l'incroyance n'existe pas

Et la loi naturelle ? La loi naturelle non plus ne lui donne pas un tel droit. Au contraire, le droit naturel lui impose la stricte obligation de rendre à Dieu l'hommage qui lui est dû, et, par consé­quent, de lui consacrer ses enfants. En effet, la première prescription de la loi naturelle est de faire à l'homme un devoir d'adorer Dieu et de le servir. C'est là le premier commandement du Décalogue, qui est, n'allons pas l'oublier, la loi naturelle elle-même codifiée par Dieu sur le mont Sinaï.

Il est donc inadmissible que la loi naturelle se contredise elle-même en don­nant aux hommes le droit de se dérober à une obligation par elle imposée. On ne peut donc pas prétendre que le droit naturel donne à l'homme un droit à l'in­croyance, le droit d'en vivre personnelle­ment ou le droit de l'injecter dans le cerveau et le cœur des autres, surtout lors­qu'il s'agit de ses enfants.

Les enfants ont des droits naturels

Cela est d'autant plus vrai que les enfants ont eux-mêmes des droits, qui leur sont conférés par la loi naturelle, des droits sacrés que leurs parents ont le devoir de respecter et de favoriser.

L'enfant possède, de par le droit naturel, le droit à la vie, un droit à l'amour de ses parents, le droit d'être traité humainement, un droit à sa sub­sistance, surtout le droit d'apprendre qu'il vient de Dieu et qu'il doit retourner à Dieu. Il a le droit d'apprendre qu'il a une âme immortelle et, que Dieu est sa fin. Il a surtout le droit de savoir par quel chemin il doit aller à Dieu.

D'où s'impose à ses parents le devoir de lui enseigner tout cela. Ceux-ci n'ont donc pas, de par le droit naturel, la liberté et le droit de donner à leur enfant une éducation agnostique. Ils ont, au contraire, le devoir de lui donner une éducation où Dieu ait sa place, la pre­mière.

Les parents et le droit naturel

Personne ne songe à nier que les pa­rents reçoivent du droit naturel le droit d'instruire ou de faire instruire leurs enfants. Et c'est même le devoir de la société civile et de l'État de les aider à ce sujet. Mais, en faisant instruire leurs enfants, ils n'ont certes pas le droit de violer le droit des autres, surtout le droit divin. Cette instruction, qui s'avère né­cessaire, doit être complétée par une ins­truction religieuse conforme à la vérité.

On le voit, le droit naturel ne donne pas aux agnostiques le droit de faire de leurs enfants de petits agnostiques, ni le droit d'avoir une école neutre qui aurait pour mission de former des agnostiques. Dans l'œuvre de l'éducation de leurs enfants, les parents, quels qu'ils soient, sont les mandataires de Dieu. Ce qui fait qu'ils n'ont pas le droit de violer les droits de Dieu en éducation. Pas plus que personne ils n'ont droit à l'erreur, droit au mal, encore moins un droit à l'incroyance. De tels droits n'existent pas.

Mais, me direz-vous, les agnostiques ne croient pas en Dieu et il peut arriver qu'ils soient de bonne foi en donnant à leurs enfants une éducation semblable à la leur. Est-ce que cette bonne foi et cette sincérité ne les justifient pas de faire ce qu'ils font ?

Je répondrai que nous devons suppo­ser que les agnostiques sont de bonne foi. Et pour cela, nous devons les traiter avec charité et les considérer comme des frères ; par le sang ils le sont. Mais nous ne pouvons tout de même pas oublier que la bonne foi ne suffit pas à donner un droit.

La bonne foi peut excuser celui qui se trompe, mais elle ne lui donne pas le droit des autres. Ainsi, s'il arrive à quel­qu'un de s'emparer de bonne foi d'un bien qui vous appartient, croyant sincè­rement que ce bien lui appartient, on comprendra facilement que vous devez l'excuser. Mais, tout de même, il n'a pas le droit de posséder ce bien. Ce droit, c'est vous qui l'avez. Une fois que ce Monsieur aura été mieux informé, il devra vous rendre ce bien, dont vous demeurez le propriétaire.

Il en est ainsi des agnostiques. S'il arrive qu'ils sont de bonne foi en récla­mant comme un droit naturel l'école neutre et sans religion, on doit les excu­ser d'être ainsi dans l'erreur, mais on ne peut tout de même pas concéder qu'ils ont un tel droit. C'est la loi qui fait le droit : loi éternelle, naturelle ou ecclésias­tique, s'il s'agit de problèmes religieux ; loi humaine, s'il s'agit de problèmes d'ordre temporel.

Concluons donc que les agnostiques, quelle que soit leur bonne foi, ne peu­vent pas réclamer une école neutre au nom du droit naturel. Cela est tout par­ticulièrement manifeste au sein d'une société civile où l'on reconnaît que Dieu doit avoir sa place dans la vie humaine.

Ferdinand Vandry, prêtre

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